comme-sur-un-nuage

PouR Une Naissance Sans Violence (F. Le boyer)

Petits extraits...

La naissance est souffrance.
Et non pas seulement pour l'accouchement,
Venir au monde
est douloureux
autant que l'était, il n'y a pas si longtemps,
mettre au monde.
Quand il disait "la naissance est souffrance"
Le Bouddha parlait
non de la mère
mais de l'enfant.
Et ce qui fait horreur de naitre..

 

Ce qui fait horreur de naitre,
ce n'est pas tant la douleur
que la peur.
Pour le bébé, ce monde est térrifiant.
C'est la richesse, l'immensité suffocante de l'expérience qui affole le petit voyageur.
On dit, on croit que le nouveau-né ne sent rien.
Il sent tout!
Tout, totalement, sans filtre, sans choix, sans discrimination.
La naissance est tempête, elle est ouragan.
Et l'enfant fait nauffrage,
anéanti qu'il est,
englouti, submergé
par un raz de marée, de sensation
qu'il ne sait intégrer.
Notre seul crime est d'ignorer
que les sens du nouveau-né fonctionnent
et leur finesse, leur acuité.

 

Dans le sein maternel,
la vie du bébé s'est déroulé en deux temps,
deux saisons qui s'opposent autant que l'hiver et l'été.
D'abord, ce fut "l'age d'or".
Embryon,
petite plante immobile qui pousse, qui bourgeonne et devient, un jour,
Foetus.
La plante s'est faite animal : le mouvement l'envahit
qui, du tronc, progresse vers la périphérie.
L'arbrisseau agite des branches : Le foetus bouge, jouit de ses membres.
Grisante liberté.
Oui, c'est l'age d'Or : Ce petit être sans poids, donc sans entraves,
les eaux le porte et lui donnent
de l'oiseau, la légèreté,
du poisson, la vivacité.
Son royaume, en outre, est sans bornes
et donc, ses bornes, sa liberté!

 

Voilà l'enfant enfin seul.
Perdu dans cet univers hostile, incompréhensible,
dément, il n'en finit plus de suffoquer de peur.
Qu'on l'approche seulement, il tremble,
il hurle de plus belle.
Fuir ! fuir !

Alors, on voit cette chose extraordinaire :
A bout de larmes, à bout de souffle, à bout de peines,
le bébé fuit.
Il s'enfonce en lui-même.
Il se replie, se met en boule, se recroqueville.
Il ramène contre lui, ses jambes et ses bras.
Il a repris sa position, l'allure d'un foetus.

Il rejette sa naissance
et le monde,
il se retrouve, par sa posture, au paradis,
prisonnier symbolique du ventre maternel.

 

Cet instant de la naissance,
apprenez à le respecter.
Moment fragile, mouvement subtil,
insaisissable autant que celui de l'éveil au matin.

On est entre deux mondes,
sur un seuil.

L'enfant est là, qui hésite.
De grâce, n'allez pas le pousser !
Voulez-vous le faire "tomber"?

Laissez ce petit être
entrer comme il l'entend,
à son allure, à son rythme.
Laissez-le prendre son temps.

Voyez l'oiseau prendre son vol,
voyez-le lourd et maladroit,
traînant des ailes qui l'encombre,
voyez-le gauche, puis...
voici qu'il vole !

Il a quitté la terre, c'est l'air qui le porte,
le fait gracieux, leger.
Quand donc est-il passé d'un royaume à l'autre ?

C'est si subtil que l'oeil ne peut le saisir.
Subtil, comme d'entrer ou de sortir
du temps.

Et puis, voici la marée qui monte, imperceptible,
irrésistible
et qui se met à redescendre.
A quel moment s'est-elle renversée ?
Avez-vous l'oreille assez fine ?
pour entendre l'océan
respirer ?

Oui, cette naissance,
cette vague qui se détache de la vague,
naît de la mer sans la quitter,
n'y touchez pas avec vos mains grossières.

Vous n'entendez rien aux mystères.
L'enfant en vient,
Laissez-le faire : Il sait....

 

Que de chemin nous avons fait !

Nous sommes partis des eaux,
nous avons pris pieds sur terre.
Le sombre domaine du poisson, de l'horizontalité,
nous l'avons quitté.
La terre nous porte.

Quelle surprise !
Elle nous porte, oui, mais aussi elle nous tient.
Comme nous sommes lourd !

Il faut ramper.
Le ciel est là, pourtant.
De lui la lumière nous vient,

c'est elle qui nous appelait
c'est d'elle que nous tenons la vie.
C'est elle qui nous force à nous dresser vers lui.

Cette route, longue, longue, longue,
qui mène du minéral à l'Homme,
c'est celle qui refait tout l'enfant
en naissant !

 

A la poursuite des connaissances
on en sait
de jour en jour
davantage.

Sur le chemin du savoir
chaque jour on découvre
les vertus
de l'immobilité.

In finit
par ne plus vouloir
à tout prix
faire.

Et c'est alors
que les choses arrivent!
Oui
c'est en ne troublant rien que
de soi-même
tout trouve sa place.
Et que
tout s'accomplit
Tao te Ching

 

La peur, c'est l'inconnu,
le totalement nouveau,
le non-reconnaissable.
Ce qu'on ne peut comparer, identifier.
Dans étranger, il y a étrange!

Pour épargner la peur du nouveau-né, il n'est, que de lui donner, constamment, des points de repères.
Et de lui dévoiler le monde, son nouveau Royaume, qu'avec une infinie lenteur, d'infinis précautions.

De tant de sensations nouvelles, il faut ne lui donner que ce qu'il peut intégrer.
Et, ce faisant, multiplier les rappels, les sensations du passé.
Alors, il prends courage.
Qu'il retrouve dans cet univers inconnu et donc hostile, quoi que ce soit de familier, il se rassure, il s'apaise et ose aller de l'avant.

Une fois encore, tâchons d'imaginer ce qu'il en est de "naître".
De la réalité, que voyons-nous, nous autres, les adultes, les grands?
Rien!
Ou presque

Nos sens sont émoussés.
Ils ont perdu cette finesse, cette fraicheur qui a nom "jeunesse".

 

Quand il arrive au monde
l'Home est souple et sans force.
Et, une fois mort,
le voilà dur et raide.
Les roseaux, les arbres,
petits,
plient, sont fragiles.
Devenus grands,
ils sont secs et cassants.
Et meurent.
C'est que le force et la dureté
vont avec la mort.
La docilité et la souplesse
sont amies de la vie.
La force, en vérité,
n'a jamais rien conquis.

 



19/04/2009
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